30 sept. 2011

Les mots-pantomimes

Lu hier à la médiathèque de Berteaucourt, quelques phrases de Charlie Chaplin - qui a étudié l'Homme mieux que lui ? - Rédigées à une époque antérieure au Dictateur où l'artiste refusait le parlant et pensait encore la parole cinématographique comme un pléonasme : "Le dialogue pour mon usage personnel ? Jamais. Je crois que je ne puis toujours exprimer avec un geste ce que j'ai à dire. En fait, je puis dire plus avec un geste que je ne puis dire avec des mots, car l'assistance finit mon geste. Quand je ne puis que paraître triste, ils me créditent de tous les mots qui furent dits quand ils étaient tristes, de tous les mots qui furent jamais dits, de toutes les tristes choses qu'ils ont jamais lues..."
Une leçon d'épure par la pantomime qui prend une résonance particulière à mes yeux, si on l'applique à la littérature. Comment donner aux mots la force de l'ébauche, l'essence même du geste et du sentiment ? Réduire les dialogues, exprimer les méandres de la psychologie humaine par les seuls les actes, les seules ombres changeantes sur les visages, donner à voir et entendre, sans laisser l'auteur que je suis s'immiscer en filigrane, sans fioriture, sans redondance. Car cet espace vacant, c'est celui du lecteur, sa part de création, qui ouvre vers l'universalité. C'est le fameux : "Ne me dis pas que ton personnage est triste, montre-le moi !", contre l'éternelle tentation de la glose.
L'épure, toujours l'épure. Le suggéré. Mais aussi cette force évocatrice du hors-champ. Et Chaplin d'ajouter : "Je préfère filmer l'ombre d'un train qui passe sur la figure d'un acteur plutôt que de filmer toute une gare."

23 sept. 2011

Premières pierres du conte

Premières rencontres avec les enfants et premières pierres du conte musical du futur.
Oui, il s'agit d'imaginer le futur.

Bettencourt. Berteaucourt. Flixecourt. Canaples.
J'ai demandé à chacune des classes d'Alice, Christine, Florence et Anne-Sophie de me montrer un lieu qui leur tient à coeur dans leur village, pour nous servir de tremplin à idées. Une balade en ouverture qui permet, au fil des pas, de nouer contact.

J'ai apporté une séquence musicale composée par Claire, de l'école de musique, une mélodie au violoncelle, qui sera le fil rouge entre les quatre groupes.
Elle donne aussitôt un ton très particuliers aux textes des enfants.

Où il est question d'un étrange poulailler, d'une maison de retraite pour vieilles cocottes.
Où il est question d'un bateau-pont, d'Arbre-à-Trois-Troncs, de baignoire et de baignade interdite.
Où il est question d'un marais, du héron Nez-Plié et d'un Arbre-à-Canettes.
Où il est question d'un skate-parc, d'une énorme vague noire et de la grenouille Aquarelle.


...et où je découvre un silence fertile, sous le crayon de Théo.

22 sept. 2011

La comptine des bibliothécaires

A la toponymie virevoltante s'ajoute la valse des prénoms 
de la joyeuse ronde des bibliothécaires qui mènent ce vaste projet, 
mais aussi toute la logistique autour de mon séjour et de mes déplacements.

Adeline, Céline, Nadine
Marie, Julie, Nathalie
Marie, Sylvie, Cindy
Aurélia, Patricia, Doria
France, Laurence

Comme elles sont très organisées,
et pour ne pas égarer les auteurs distraits, eh bien... elles riment,
une vrai comptine, presque une chanson de Zazie !

21 sept. 2011

Arrivée à la Brasserie des Idées


Au-dessus de la résidence, il y a un toit, bien sûr.
Alors, quoi de plus symbolique qu'une pépinière-brasserie pour faire germer et brasser des idées ?
C'est dans ce lieu étonnant, à Domart-en-Ponthieu, entre nature, culture, boutures et levures, chez Marie-Laure, François et leur petite famille, que j'ai posé mon sac (et mon Mac). J'ai à ma disposition toute l'aile droite du bâtiment d'habitation, un petit appartement indépendant.

J'ai déjà fait connaissance avec Germinette, Juanita et Tulipe. Non, ce ne sont pas des fées de la Somme, mais quelques-unes des bières artisanales créées par François, qui a souhaité redonner souffle à la brasserie familiale de ses ancêtres.
Je sens que mes mots vont malter et mousser, cet automne...


Pour vous balader dans la Pépinière des Campagnes et la Brasserie de la Somme, c'est par là.
Et pour les amateurs de bières artisanales, allez jetez un oeil ici aussi.


20 sept. 2011

Demain, le Val

Demain, je débuterai une nouvelle résidence d'écrivain, dans la Somme,
née de l'énergie et du développement durable de onze médiathèques de la Communauté de communes du Val de Nièvre qui tissent de nombreux projets culturels sur le territoire Picard.
Je vais donc créer, rencontrer divers publics et tresser des histoires entre les onze communes.

Temps de création (un conte musical mêlant quatre classes, quatre villages et quatre médiathèques,
et l'école de musique de la communauté de communes, sur le thème du futur) et avancée de mon projet personnel, mon roman Saro io.
Temps de lectures et de répétitions (L'heure des Diseurs et la Compagnie les gOsses, la Chorale de l'Ecole de Musique, un café littéraire)
Temps de rencontres dans les médiathèques (tous publics, enfants, adultes)
Temps de découvertes, l'occasion pour moi de découvrir un territoire, mais aussi des histoires,
des mémoires, des savoirs.

Flixecourt, Bettencourt, Berteaucourt, Canaples, Saint-Ouen,Vignacourt, Halloy, Ribeaucourt, Pernois, Havernas, Saint-Léger... Les noms me sont déjà un peu familiers : il y a deux ans, j'ai animé un atelier d'écriture avec une classe de sixième, autour des usines Saint Frères, à l'initiative d'Adeline D'Hondt, de la médiathèque de Flixecourt. J'en profite pour lui adresser un merci particulier, ainsi qu'à Marie-Elise et Nathalie pour les fondations de cette résidence.