10 déc. 2011

Dernier banquet des Pontgolfiers

Ayé, c'est terminé.
Hier soir, dernière soirée à la médiathèque de Saint-Ouen,
où les murs se sont poussés comme par magie.
Le conte musical, raconté et applaudi,
bravo, les grands, les petits,
et merci, merci, la Compagnie,
les mots, vous les avez portés,
les gOsses, enthousiasmés.
Ayé, c'est terminé.
Le héron ? Plié.
Le pont ? Envolé.
 L'heure des Diseurs, passée et appréciée.
Les mains, serrées.
Les dédicaces, signées.
Les bibliothécaires, remerciées, 
un vrai cadeau, votre Réseau.
Les musiciens, salués.
Les au revoir, distribués.
Le banquet final, dégusté.
Les livres, rangés.
La résidence, emballée.
Ma valise, bouclée.
Ma cave de bières Marié, empaquetée.
Je ne l'ai pas vu passer, ce séjour dans la Vallée.
Les heures, les jours ont filé
comme des perles sur un parquet ciré.
Mais je repars, ma voile gonflée, 
les liens ont été tissés...
...et tricotés !
© g. Marvane.

9 déc. 2011

Le temps court trop vite à Flixecourt

Après-midi à la médiathèque de Flixecourt, avec le petit groupe du Cardan, que je rencontre pour la seconde fois (cf post du 21 octobre).

Quelques visages familiers, quelques nouveaux, quelques absents. Échange tranquille, ambiance tea time, ils se remémorent avec enthousiasme un repas littéraire, lectures et papilles, dégusté trois jours auparavant. On cause soupe de mots, Dame Tartine, chansons gourmandes et brèves de comptoir.

Je propose un petit jeu d'écriture sur le temps, une occasion de se projeter dans l'avenir.
Adeline, la bibliothécaire, et Loetitia, de l'association du Cardan, s'y prêtent aussi.
En une seconde... En une minute... En une heure... En un jour... En une semaine... En un mois... En un an... En un siècle... En mille ans...

Pour découvrir les textes du temps plié, c'est ici.

8 déc. 2011

Dernière brassée

Dernière journée à la brasserie Marié
un retour un jour avant, j'ai voulu finir en douceur.

Lumière d'hiver, mais généreuse quand même.
Assise dans la cuisine de "mon aile droite", j'écris.
No, it's not the end, je zen.

J'ai de l'élan aujourd'hui.
Derniers effluves maltés, 
dernières photos glanées, 
dernières bottes enfilées dans l'herbe mouillée.

 J'ai l'impression que cette ferme m'a insufflé une énergie minérale,
ici, tout respire la vie et l'invention.


Des fenêtres,
toujours ouvertes.
Sur le monde.



23 nov. 2011

Apéro festif, suite... et concert final !

Aujourd'hui, j'ai été victime d'un attentat poétique.
Le plus flippant, c'est que les responsables de ce complot sont une sorcière, un vampire,
une fourmi, une tortue, une comique et un ragondin.

A l'insu de mon plein gré, le joyeux p'tit groupe des paroliers en herbe du Centre de Loisirs
a réussi à mettre en place une sacrée surprise, en un tournemain.

J'ai été invitée à un concert :


Les paroliers, transformés en chanteurs, avec costumes de scène, strass et paillettes, sono d'enfer,
et une chef de choeur de choc : Flore-doctor-ès-cachottière, qui a composé une musique sur la chanson en deux coups de baguette magique, fait répéter les enfants, et même trouvé le temps d'enregistrer une maquette. Il y avait là un joyeux et jeune public sur les bancs du Centre, et inutile de vous dire que les artistes ont été bissés, trissés et quadrissés.
Il existe une vraie euphorie créative autour de cette chanson, un fluide au goût de supercagifragilistic.
Anne Sylvestre et Steve Waring n'ont qu'à bien se tenir !

Mille mercis à l'équipe du Centre de Loisirs,
à la médiathèque de Vignacourt et à Flore
qui ont permis à ce projet de se vivre,
se construire, et d'aboutir.

(PS : Nathalie, si tu trouves une pauvre guitare dans un coin, salue-la de ma part, elle doit rigoler encore...)


Chants divers

Yes, my résidence is very musicale.

Hier soir, pour la seconde fois, je me suis glissée parmi les choristes de Vignacourt.
Allez, je l'avoue, la dernière fois que j'ai déchiffré une partition de chorale, j'étais à la fac,
et c'était aux Ateliers Chanson de Villeurbanne.

Bref, hier je me suis donc benoitement planquée au milieu des sopranes, mais fichtre,
mes cordes étaient un chouilla rouillées et mon souffle d'ex-apprentie saxophoniste,
aussi foudroyant que celui de Jane sur Babe Alone In Babylone. Ça m'a fichu un p'tit coup.
Bon, mais j'ai secoué mes poumons de sédentaire du clavier, et sous la houlette énergique
de Flore et Erika, j'ai fait la fille qui se la jouait à l'aise. Humpf !

Outre l'aventure artistique et humaine, je crois que ce qui ne cesse de m'enthousiasmer dans cette résidence, c'est la diversité des chants... et des champs d'activités !

19 nov. 2011

Grand brainstorming

Hier, journée du brainstorming entre mots, musique et théâtre autour du conte musical,
dans les locaux du Centre de Loisirs de Flixecourt.
Les quatre groupes (Berteaucourt, Flixecourt, Bettencourt et Canaples) ont fait connaissance,
participé à divers ateliers et tricoté ensemble leurs idées.

Avec les musiciens de l'École de Musique intercommunale, Antoine, Erika, David et Simon
(j'en profite pour vous inviter à découvrir les Zôtches et Trio d'vie), les enfants ont goûté à une première ébauche d'harmonisation des chansons ; Flore leur a fait découvrir le logiciel d'enregistrement et montage audio Audacity pour la création d'ambiances sonores.
Avec Karine et Stéphane de la Compagnie les gOsses, ils ont goûté à une initiation théâtrale.
Le projet a une fois encore, pris une nouvelle dimension, et à travers cette journée, ravivé les énergies, les idées et chatouillé les imaginaires.

C'était un drôle de pari, ce conte musical. Bien sûr, j'avais déjà eu l'occasion de conduire un projet similaire lors d'une précédente résidence à Montbrison en 2009, mais ici, c'est la première fois que
je jongle et créé entre quatre communes autour d'un seul texte, quatre groupes d'enfants d'âges très divers, du CE2 à la 6ème. Il faut croire que, dans un tout autre registre, l'aventure des blue Cerises m'aura forgée au tressage des récits.
Mais surtout, je crois que l'alchimie et le tricot entre les quatre groupes d'enfants ont été rendus possibles grâce à un faisceau de facteurs :
- Le sentiment d'appartenance à un même territoire, des références topographiques et culturelles communes, favorisant l'émergence d'une sorte d'inconscient collectif.
- Une énergie née du réseau des médiathèques, habituées à mutualiser leurs projets, un réseau uni
et innovateur.
- Le choix de ma part d'une musique en fil rouge entre les récits (une mélodie au violoncelle composée en amont de ma résidence par l'un des musiciens, qui a donné un ton particulier au début du récit, insufflé une ambiance et la couleur d'un thème).
- La présence active des enseignants et bibliothécaires, qui ont assuré à mes côtés la cohérence de chacun des groupes.
- La capacité des enfants à intégrer les divers éléments du récits, à s'approprier les idées des autres groupes et à les enrichir. Et le plaisir évident qu'ils ont eu à travers l'écriture de chansons dont j'insufflais les germes.
Une journée comme hier est un peu la quintessence (et la "récompense"!) de cette énergie créatrice partagée.

Pour l'écriture du conte, j'ai fait le choix d'un cheminement créatif alternant initiatives individuelles
et tressage collectif :

- Temps 1 : chacun des groupes d'enfants a choisi un lieu qui lui tenait à coeur sur sa commune.
Ils me l'ont présenté lors de ma première venue. Ce qui a permis un apprivoisement en douceur entre enfants/enseignant/bibliothécaire/écrivain, de mêler balade, découverte, observation et l'élaboration d'une base de récit. Ils ont aussi réfléchi à un personnage original ancré dans ce lieu.

- Temps 2 : Les quatre groupes ont pris connaissance des quatre lieux et personnages établis par chacun des autres groupes, afin de construire les bases d'un scénario, mettant en place un cheminement des personnages entre les quatre lieux ; un déclenchement, des enjeux narratifs, un aboutissement. Très vite, le conte s'est envolé vers une poésie burlesque, un Arbre-à-Trois-Troncs
et un héron Nez-Plié, un bateau-pont, une maison de retraite et des vieilles cocottes, un Parc-en-Ciel, un rat-de-marée chromaphage, une grenouille Aquarelle... Les thèmes de quatre chansons se sont dessinés, naturellement.

- Temps 3 : Chaque groupe a créé avec moi sa propre chanson, tout en avançant le scénario dans chacune des parties du récit. Il me semblait important qu'il y ait en permanence ce double mouvement de création individuelle et de partage. La difficulté était de trouver le bon équilibre. Comment intégrer les trouvailles et surgissements sans faire vaciller tout l'ensemble par effet de ricochet ? J'ai défini quelques limites et règles simples afin de permettre aux enfants de ne pas se sentir dépossédés, sans pour autant qu'ils aient un sentiment de propriété qui conduirait au blocage : 1/ Ne pas modifier les lieux et personnages de bases établis par une autre groupe 2/ Chaque groupe écrit sa propre chanson MAIS 3/ chaque groupe peut donner des idées sur l'ensemble du scénario, dès lors que cela ne bouleverse pas l'édifice. À moi de tenir la barre et d'essayer de garder le cap...

- Temps 4 : Grand brainstorming (hier, donc) Les groupes se sont rencontrés pour mijoter, rebondir, découvrir, mélanger mots, musique et première approche théâtrale. Un moyen festif aussi de permettre aux enfants de s'approprier le conte, puisque le principe des divers ateliers était de leur donner à réfléchir sur des passages qu'ils n'avaient pas forcément écrits avec leur propre groupe.
Je tire au passage mon chapeau aux bibliothécaires (et je remercie le Centre de Loisirs de Flixecourt) qui ont permis d'organiser une journée où les quatre classes ont pu naviguer entre les trois ateliers.
Un exercice de haute-voltige qui laissera, je crois, de chouettes souvenirs...

- Temps 5 (à venir) : Tous les groupes vont désormais travailler sur l'ensemble du conte et s'atteler à terminer les passages inachevés, les transitions, et prendre le temps de peaufiner.
- Temps 6 : suite de la composition/harmonisation/création d'ambiances sonores par les musiciens et mise en scène, par la compagnie les gOsses.

- Temps 7 : ...début juin 2012 !


14 nov. 2011

La Somme de tous les Gentilés

Puisqu'en ce moment, la Somme se cherche un nouveau nom
(avis aux inspirés, vous pouvez proposer vos idées de génie sur le site :
http://donnonsnousunnom.fr/la-demarche/ ) je cherche aussi de mon côté.
Après tout, j'y aurais été une habitante-intermittente pour quelques semaines...

Alors, oui, à part les Samariens, les Sommiers et les Sommeliers, 
j'ai d'autres suggestions.
Si, si.

12 nov. 2011

Apéro créatif, suite

Ça y est, le joyeux p'tit groupe (voir post du 6 octobre)
du Centre de Loisirs de Vignacourt a fini sa chanson.
Bravo à Flavie, Justin, Anaïs, Théo, Julia,
Zacharie, Margaux, Benjamin, et William !

C'est la sorcière
Vocabulaire
qui mange un dictionnaire

C'est le vampire
qui aspire
le plaisir de nuire

Ça y est j'ai faim
Ça y est j'ai faim
je mang'rais bien
quelqu'un

C'est la comique
Mathématiques
qui digère tous ses hics


C'est la tortue
jamais repue
qui boit toute une rue

Ça y est j'ai faim
Ça y est j'ai faim
je mang'rais bien
quelqu'un

C'est la fourmi
Géographie
qui dévore un pays

C'est l'ragondin
qui n'a pas faim
'mange juste un nain d'jardin

Ça y est j'ai faim
Ça y est j'ai faim
je mang'rais bien
quelqu'un
 

7 nov. 2011

Le Château Blanc des Mots

© Frizztext
"L'écriture, c'est une chance. Elle prend soin de nous si on l'aime."
Il y a des phrases qui vous restent en mémoire et en main comme les pierres du chemin. Aujourd'hui, à la médiathèque de Flixecourt, je rencontre un petit groupe de résidents du Château-Blanc, un foyer de vie qui accueille des adultes handicapés. Une rencontre qui prend très vite un goût d'essentiel. Où il est question de vérité. De découverte, de regard de l'autre, de colère cachée, de gestes réappris, de patience. "Comme dit ma mère, il faut attendre avant de monter l'escalier", murmure François-Xavier avec une philosophie qui vient de loin. Pas de masque social, les mots sont nus, bruts et cailloux, droits debout.
Et toujours cette lisière fragile, parfois franchie, fiction, réalité, imaginaire, vérité.


"Et la poésie, c'est la vérité ?"
Oui, Sandrine, je crois qu'il n'y rien de plus vrai que la poésie.
Parce qu'elle vient du ventre et qu'elle s'écrit avec des cris.

En partant, ils me disent merci. Pourtant c'est moi qui ai le plus appris.

22 oct. 2011

Café littéraire

C'était hier, au bar des Sports de Vignacourt.

Chacun avait apporté un roman qui lui tenait à coeur.
Pour en parler, lire des extraits aussi,
entre deux intermèdes musicaux.
Musique et notes de lectures tressées.
Chouette menu pour cet apéro prolongé.

J'ai toujours aimé entendre les gens qui m'entourent parler de leur livre préféré.

Évoquer avec passion un livre, c'est aussi livrer une part de soi-même. Le livre comme révélateur photographique d'une part inexprimable. Pour transmettre (et mettre en lumière) l'informulable, l'intime comme l'universel.

Un petit moment-cadeau pour moi aussi (et d'émotion...), avec la lecture  - par quatre bibliothécaires - d'extraits de On n'arrête pas les comètes, un roman qui me tient particulièrement à coeur.

Et puis, quelques questions passionnantes, comme le courage d'assumer littérairement un personnage principal abject. Peut-on aimer un livre tout en haïssant le personnage principal (avec l'éternelle question de la nécessité ou non de l'identification) Jusqu'où aller ? Il y a parfois des cas extrêmes (quid par exemple des Bienveillantes de Jonathan Littell, dont la complaisance avec l'horreur a des relents nauséabonds... ?)

Une très belle soirée. Entre émotion et humour, jazz et tango de mots...  et javanaise.

21 oct. 2011

Emergence d'une rencontre


Vendredi. Médiathèque de Flixecourt. On a installé les fauteuils dans le "salon jeunesse" autour d'une théière. Il y a là Anita, Christine, Alain, Geneviève, Angelina, Élodie, Bénédicte et Annick. Tous les sept appartiennent à un groupe de réinsertion sociale qui agit et crée ensemble. Certains ont fait partie de la dernière vague de licenciements avant la fermeture des usines Saint-Frères de Beauval qui a laissé sur le carreau des dizaines de familles sur la région, en 2003. 

Depuis deux ans, ils participent au comité de rédaction du journal Émergence, édité par l'Association Cardan à Amiens, avec l'aide du Conseil Général de la Somme. Un article de fond à chaque numéro, (la question de la mobilité quand on est au chômage, l'activité, etc.), des infos pratiques, et puis et puis, des "tchottes causettes".
En une du n°6 : "Vacant, mais pas en vacances", un titre évocateur. La vacance, les auteurs en galère chronique en connaissent aussi le poids. La vacance des contrats qui finit par rendre vacante l'inspiration. La solitude, la nécessité de retisser du lien et du sens, à échelle humaine. De retrouver la force de l'action collective autour de projets communs.
J'ai apporté quelques livres et manuscrits, juste en points d'ancrage, mais l'essentiel n'est pas là, il est dans l'échange. Dans les silences aussi. Après quelques instants de pudique découverte, les mots fusent, quelques témoignages, les blagues émergent, les anecdotes. On parle aussi naissance d'un récit, rapport texte/image, linguistique et patois. "On est réunis là, pour rompre l'isolement", me disent-ils. "Ce groupe presse, c'est un moyen de se soutenir mutuellement et de rebondir." Et Alain de préciser : "les mots contre les maux, bien sûr."
Prochain rendez-vous est donné fin novembre, il est question d'une interview et d'un thème à défricher ensemble. La solidarité.

11 oct. 2011

L'heure des Diseurs

Hier soir, chouette moment de répétition de lecture-théâtrale avec L'heure des Diseurs. Ce groupe d'amateurs propose depuis une dizaine d'années des lectures mises en espace, sur le territoire du Val de Nièvre, encadrées par la Compagnie les gOsses.*
Cette fois, c'est le comédien Stéphane Piasentin qui anime le groupe. Au menu pour quelques lundis : des extraits entrelacés de mes romans En roues libres et Eve et la pomme de Newton, qui seront présentés le 9 décembre en clôture de la résidence. L'occasion pour moi de voir tresser des passerelles, des résonances entre deux textes écrits à des années d'intervalle, deux textes liés par le thème du rapport au corps. Corps-cage ou corps-langage, corps-don, corps-mouvant... en tout cas, correspondances.

L'approche de Stéphane mêle la lecture à la lisière du burlesque et du mime ; cette première séance m'a permis de renouer avec le théâtre, d'entrevoir l'écriture dans une perspective scénique. Je fais régulièrement des lectures publiques d'extraits de mes livres, mais les entendre par le prisme d'un groupe est une belle expérience. Lorsque le lecteur lit, je ne suis pas sur son épaule. Alors découvrir ses propres mots en voix et en espace, réinvestis par des timbres différents, prolongés par une gestuelle collective, osciller en incarnations multiples, c'est un peu comme en élargir et en déployer le sens.

* La Cie le gOsses, qui, à l'image du réseau des médiathèques et de d'école de musique intercommunale, est l'un des ferments (et ciments) de la pépinière artistique et culturelle du Val de Nièvre. Karine Dedeuwaeder, qui intervient aussi sur le conte musical créé en résidence, en est la directrice artistique. Au fil des jours et des rencontres, je finis par saisir peu à peu les ramifications et les différents acteurs de la vie culturelle. Je retrouve des visages familiers croisés à la chorale, à l'atelier Mémoire de Halloy... ou à la ferme-brasserie, puisque François, mon hôte, fait aussi partie de l'Heure des Diseurs. Il est rare d'avoir autant de synergie entre les acteurs du livre, de la musique et du théâtre sur un même territoire.

10 oct. 2011

Je me souviens

Je me souviens de l'atelier mémoire, à Halloy
Je me souviens du grand escalier qui mène à la bibliothèque
Je me souviens des dames, de leurs sourires interrogatifs
Je me souviens que l'une d'elles avait apporté un classeur
Je me souviens qu'une autre m'a serré la main avec chaleur
Je me souviens de la longue table autour de laquelle nous nous sommes assises et des chaises d'école
Je me souviens du thé, je me souviens qu'il n'y avait pas de madeleine, pourtant je savais que je me souviendrais quand même
Je me souviens de la langue de chat au chocolat que j'ai trempée dans ma tasse à la place
Je me souviens qu'on s'est raconté des histoires, certaines étaient drôles, d'autres, plus émouvantes
Je me souviens de leur émotion quand elles ont écouté ma chanson Ballade pour une gardienne de musée, chantée par Serge Reggiani.
Je me souviens qu'on a parlé de peinture à l'huile et de térébenthine, de l'odeur de la terre la nuit, d'insomnies et de réveil, de la lumière des ampoules qui éblouit le regard endormi
Je me souviens qu'on a parlé de mots cachés, de lexique de charcuterie, de chaussures et de vélo
Je me souviens qu'on a parlé du rapport à la langue maternelle, mais aussi d'enfants d'ailleurs qui refusaient de la parler parce qu'ils se sentaient trop différents, je me souviens qu'on a parlé de patois
Je me souviens d'une blague en Picard et de celle de ch'l'araignée
Je me souviens que l'une des dames m'a confié : "Avant de venir, je ne savais pas s'il fallait
que je mette des talons hauts pour rencontrer un écrivain", et j'ai pensé que moi non plus,
je n'avais pas mis de talons hauts
Je me souviens que l'une d'elles est restée silencieuse mais que ses yeux parlaient beaucoup
Je me souviens qu'on a passé plusieurs heures à échanger
Je me souviens d'un texte glissé furtivement dans ma main, juste avant de partir

6 oct. 2011

Apéritif créatif !

Médiathèque de Vignacourt. Hier.

Ils sont 9, ils ont entre 7 et 10 ans et viennent du Centre de Loisirs, ils veulent écrire une chanson.
Pour démarrer en douceur, je leur fais écouter une musique extraite du spectacle Le paradis bleu,
écrit et interprété par des enfants, un spectacle créé en 2001 avec Georges Fischer, à Nantes.
"Ça y est, j'ai faim !", lance soudain Justin.
J'attrape son exclamation au vol :
" Faim de quoi ?"
" De chocolat !"
" Mais encore ? Et si tu avais faim d'autre chose qui ne se mange pas, qu'est-ce que tu voudrais croquer ?"
"Un dictionnaire !" rétorque Flavie.
Le ping-pong commence, nous cherchons des idées à grignoter, qui ne soient pas alimentaires, et des rimes en "aire"
Dans un coin, Benjamin, 7 ans, écrit, très concentré.
"Je sais, je sais !", s'écrie-t-il comme un diablotin hors de sa boîte, avant de nous chanter, radieux :
"C'est la sorcière
vocabulaire
qui mange un cerf..."
Il a saisi les sonorités, la métrique, le rythme, il a presque swingué. Et nous voilà partis à claquer des doigts avec la sorcière, à scander les phrases, à chercher le balancement.
Ils ont déjà l'intuition de "ce qui sonne".
Nous revoilà à courir après les sons en "ir" avec un vampire. "Aspire ! "plaisir !"
Et puis ce mot étonnant dans la bouche d'une enfant de 7 ans : "Nuire !"



Les phrases se déroulent, comme un tapis.
Il reste encore des couplets à écrire, des images à peaufiner, bien sûr, mais ils ont su capter l'essentiel, vivre le mouvement, jongler ensemble, et surtout, comme le vampire de la chanson, ils ont aspiré le plaisir d'écrire.
Pour découvrir la chanson finie, c'est ici.





Ça y est, j'ai encore faim.
De moments comme celui-ci.

Note : les illustrations de cette page sont des détails d'une fresque 
réalisée par LN Alex et les enfants de Vignacourt en 2009


5 oct. 2011

Cerises bleues

Bon, avec cette météo folle, pas étonnant de voir pousser 
des Cerises bleues à l'automne, même en Picardie... 
Je vous jure, il n'y a plus de saisons !

Enfin si.
Il y en a déjà au moins deux.

Après l'édition de la compil' de la saison 1 des blue Cerises
en septembre en grand format Macadam, aux éditions Milan...

 ...voici, aujourd'hui, la parution de la compil' de la saison 2,
dans toutes les bonnes librairies, ce 5 octobre
(cliquez sur les livres pour plus de détails)  
Les saisons 3 et 4 reliées paraîtront en janvier et février 2012.

Pour ceux qui ne connaissent pas cette série ovni,

3 oct. 2011

Pause à Domart-en-Ponthieu


Quand le cerveau est fatigué de brasser les mots
et a besoin d'un petit Somme :
 on repose le regard...en ouvrant les yeux !

écloses, nectar en camaïeu

cirrhose ? non, raisin noir et rayon bleu

anamorphose, brouillard mystérieux

On ose ? Colin-maillard, c'est mieux à deux !

1 oct. 2011

Comment naissent les histoires

"Vague noire", peinture de Amélie Réveilhac
 
D'un étonnement.
D'une révolte.
D'un cri.
D'un rire.
D'un lapsus.
D'une collision.
Et parfois, une faute d'orthographe. D'un rat de marée.

Et voilà ce rat, surgi d'une erreur d'enfant qui s'appliquait à décrire les effets dévastateurs d'une vague noire, devenu personnage d'histoire. Un rat de marais. Un rat qui surfe sur une vague noire. Et hop. Comment retourner la fatalité comme une crêpe...

Sinon, sur le thème, je vous invite à découvrir Dans la tête de monsieur Adam...

30 sept. 2011

Les mots-pantomimes

Lu hier à la médiathèque de Berteaucourt, quelques phrases de Charlie Chaplin - qui a étudié l'Homme mieux que lui ? - Rédigées à une époque antérieure au Dictateur où l'artiste refusait le parlant et pensait encore la parole cinématographique comme un pléonasme : "Le dialogue pour mon usage personnel ? Jamais. Je crois que je ne puis toujours exprimer avec un geste ce que j'ai à dire. En fait, je puis dire plus avec un geste que je ne puis dire avec des mots, car l'assistance finit mon geste. Quand je ne puis que paraître triste, ils me créditent de tous les mots qui furent dits quand ils étaient tristes, de tous les mots qui furent jamais dits, de toutes les tristes choses qu'ils ont jamais lues..."
Une leçon d'épure par la pantomime qui prend une résonance particulière à mes yeux, si on l'applique à la littérature. Comment donner aux mots la force de l'ébauche, l'essence même du geste et du sentiment ? Réduire les dialogues, exprimer les méandres de la psychologie humaine par les seuls les actes, les seules ombres changeantes sur les visages, donner à voir et entendre, sans laisser l'auteur que je suis s'immiscer en filigrane, sans fioriture, sans redondance. Car cet espace vacant, c'est celui du lecteur, sa part de création, qui ouvre vers l'universalité. C'est le fameux : "Ne me dis pas que ton personnage est triste, montre-le moi !", contre l'éternelle tentation de la glose.
L'épure, toujours l'épure. Le suggéré. Mais aussi cette force évocatrice du hors-champ. Et Chaplin d'ajouter : "Je préfère filmer l'ombre d'un train qui passe sur la figure d'un acteur plutôt que de filmer toute une gare."

23 sept. 2011

Premières pierres du conte

Premières rencontres avec les enfants et premières pierres du conte musical du futur.
Oui, il s'agit d'imaginer le futur.

Bettencourt. Berteaucourt. Flixecourt. Canaples.
J'ai demandé à chacune des classes d'Alice, Christine, Florence et Anne-Sophie de me montrer un lieu qui leur tient à coeur dans leur village, pour nous servir de tremplin à idées. Une balade en ouverture qui permet, au fil des pas, de nouer contact.

J'ai apporté une séquence musicale composée par Claire, de l'école de musique, une mélodie au violoncelle, qui sera le fil rouge entre les quatre groupes.
Elle donne aussitôt un ton très particuliers aux textes des enfants.

Où il est question d'un étrange poulailler, d'une maison de retraite pour vieilles cocottes.
Où il est question d'un bateau-pont, d'Arbre-à-Trois-Troncs, de baignoire et de baignade interdite.
Où il est question d'un marais, du héron Nez-Plié et d'un Arbre-à-Canettes.
Où il est question d'un skate-parc, d'une énorme vague noire et de la grenouille Aquarelle.


...et où je découvre un silence fertile, sous le crayon de Théo.

22 sept. 2011

La comptine des bibliothécaires

A la toponymie virevoltante s'ajoute la valse des prénoms 
de la joyeuse ronde des bibliothécaires qui mènent ce vaste projet, 
mais aussi toute la logistique autour de mon séjour et de mes déplacements.

Adeline, Céline, Nadine
Marie, Julie, Nathalie
Marie, Sylvie, Cindy
Aurélia, Patricia, Doria
France, Laurence

Comme elles sont très organisées,
et pour ne pas égarer les auteurs distraits, eh bien... elles riment,
une vrai comptine, presque une chanson de Zazie !

21 sept. 2011

Arrivée à la Brasserie des Idées


Au-dessus de la résidence, il y a un toit, bien sûr.
Alors, quoi de plus symbolique qu'une pépinière-brasserie pour faire germer et brasser des idées ?
C'est dans ce lieu étonnant, à Domart-en-Ponthieu, entre nature, culture, boutures et levures, chez Marie-Laure, François et leur petite famille, que j'ai posé mon sac (et mon Mac). J'ai à ma disposition toute l'aile droite du bâtiment d'habitation, un petit appartement indépendant.

J'ai déjà fait connaissance avec Germinette, Juanita et Tulipe. Non, ce ne sont pas des fées de la Somme, mais quelques-unes des bières artisanales créées par François, qui a souhaité redonner souffle à la brasserie familiale de ses ancêtres.
Je sens que mes mots vont malter et mousser, cet automne...


Pour vous balader dans la Pépinière des Campagnes et la Brasserie de la Somme, c'est par là.
Et pour les amateurs de bières artisanales, allez jetez un oeil ici aussi.


20 sept. 2011

Demain, le Val

Demain, je débuterai une nouvelle résidence d'écrivain, dans la Somme,
née de l'énergie et du développement durable de onze médiathèques de la Communauté de communes du Val de Nièvre qui tissent de nombreux projets culturels sur le territoire Picard.
Je vais donc créer, rencontrer divers publics et tresser des histoires entre les onze communes.

Temps de création (un conte musical mêlant quatre classes, quatre villages et quatre médiathèques,
et l'école de musique de la communauté de communes, sur le thème du futur) et avancée de mon projet personnel, mon roman Saro io.
Temps de lectures et de répétitions (L'heure des Diseurs et la Compagnie les gOsses, la Chorale de l'Ecole de Musique, un café littéraire)
Temps de rencontres dans les médiathèques (tous publics, enfants, adultes)
Temps de découvertes, l'occasion pour moi de découvrir un territoire, mais aussi des histoires,
des mémoires, des savoirs.

Flixecourt, Bettencourt, Berteaucourt, Canaples, Saint-Ouen,Vignacourt, Halloy, Ribeaucourt, Pernois, Havernas, Saint-Léger... Les noms me sont déjà un peu familiers : il y a deux ans, j'ai animé un atelier d'écriture avec une classe de sixième, autour des usines Saint Frères, à l'initiative d'Adeline D'Hondt, de la médiathèque de Flixecourt. J'en profite pour lui adresser un merci particulier, ainsi qu'à Marie-Elise et Nathalie pour les fondations de cette résidence.